Pointe-Noire, une histoire et un développement liés à l’économie

Port de pointe noireAu XV et XVIe siècle, les navigateurs portugais et espagnols qui voguaient au large du royaume de Loango apercevaient un éperon noirâtre constitué de grès bitumineux. Cette protubérance montagneuse, point de repère géographique dit ‘’Punta-Negra’’ sera mentionnée sur les cartes de navigation dès 1484. Il donnera, plus tard, le nom de Pointe-Noire à la ville capitale économique du Congo Brazzaville.
En effet, l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza qui s’était installé à Mfoa (Brazzaville) en 1880, envoya le lieutenant de vaisseau Cordier aller à la conquête des territoires riverains de l’atlantique. C’est ainsi que le commandant du navire le ‘’Sagittaire’’, signa le 23 mars 1883 un traité de protectorat avec le roi Ma Loango, pour y ériger une ville. C’était déjà la naissance de Pointe-Noire.
Mais l’histoire retient plutôt la date de Mai 1922 dans l’acte de naissance de la ville de Pointe-Noire, quand bien même la ville avait déjà pris forme. Avec notamment le lancement des travaux de construction du Chemin de fer Congo Océan et du Port de Pointe-Noire un an plus tôt, en 1921 par le Gouverneur Général Victor Augagneur. Les quartiers actuels de Mvou-Mvou, Mboukou, Loandjili, Siafoumou, Mpita, Ngoyo, Tchimani et Tchimbamba n’étaient alors que de petits villages.

Pointe-Noire : boostée par le port et le Chemin de fer

 

Plusieurs facteurs d’intérêt socio-économiques ont concouru à l’essor de Pointe-Noire. On peut citer entre autres, la construction du Chemin de fer Congo-Océan (1921-1934), long de 510 km, reliant la côte atlantique à Brazzaville au bord du fleuve Congo. C’était une voie privilégiée d’accès pour acheminer les richesses de l’hinterland des territoires de l’AEF (Afrique Equatoriale Française) jusqu’au port de Pointe-Noire.

D’où le surnom historique de ‘’Porte Océane de l’Afrique centrale’’ attribué à la ville de Pointe-Noire et à son port maritime en eaux profondes. Celui-ci fut construit entre 1934-1939, et accueillit son premier paquebot, «le Foucault», accosté le 2 avril 1939. Ce fut l’inauguration officielle, en présence du Gouverneur Général Joseph Reste. On peut aussi citer la Construction du premier Wharf sur la côte mondaine en 1926, la première adduction d’eau potable de la ville en 1927 et la construction de l’aérogare en 1932.

 

Port de pointe noire 2

 

Pointe-Noire : ville pétrolière, de bois et des mines

 

C’est en 1946 que commença l’exploitation à une échelle considérable de la forêt du Mayombe. Des essences de bois nobles sortirent de cette forêt, et furent acheminées au port de Pointe-Noire. Ensuite naîtront les premières scieries artisanales installées dans la zone dite du Km4 autour du dépôt du Chemin de fer (CFCO).
A la fin des années 70 et au début de la décennie 80, Pointe-Noire a connu un boom forestier tout à faitparticulier, avec la mise en place et l’exploitation industrielle des plantations clonales d’eucalyptus. Une première mondiale ! En 1947, le domaine congolais de l’Onshore est ouvert à l’exploration pétrolière, et dix ansplus tard, est attribué le premier permis marin à la SPAEF, ancêtre d’Elf-Congo. Ainsi, sous la conduite ducélèbre géophysicien Paul Moyne, commença la véritable épopée de la recherche pétrolière au Congo, qui aboutit en 1957 à la découverte du premier gisement de pétrole de la Pointe-Indienne à une vingtaine de km au nord de Pointe-Noire. La production commença en 1960, avec un volume de 51 847 tonnes de brut pour atteindre un pic de 123 393 tonnes en 1962. Puis très rapidement, de nombreux gisements pétroliersfurent découverts tant en Onshore qu’en Offshore, faisant de Pointe-Noire, mieux du Congo, un pays producteur de pétrole. Pointe-Noire est connue depuis pratiquement la décennie 70 comme une ville pétrolière, avec la présence des majors comme le français Total, l’italien Eni, ou encore l’américain Chevron, etc. Du sous-sol de Pointe-Noire sortent environ 300 000 barils de brut par jour. Le pétrole contribue à environ 62% dans l’économie congolaise et à plus de 80 % au budget de l’État.
Plus tard, en 1969 commença l’exploitation du gisement de potasse de Makola à près de 30 km à l’est de Pointe-Noire. La production était évacuée par l’entremise d’un wharf de près de 1 700 mètres de long, construit à la côte sauvage en 1967.  La production a cessé et le chantier a fermé en juillet 1977 à la suite d’une inondation des galeries et de l’ensemble de la mine par une rivière souterraine. Toutes ces activités ont confirmé la ville de Pointe-Noire dans son rôle de ville industrielle et commerciale, où se sont installés les comptoirs des compagnies concessionnaires françaises comme la SCKN (Société concessionnaire du Kouilou-Niari), la CCSO (Compagnie concessionnaire de la Sangha-Oubangui), la CFAO (Comptoirs français de l’Afrique occidentale), et enfin SHO-Congo (Société de Haut-Ogoué du Congo). Ces deux dernières citées étant encore en activité.

 

 

Tour mayombe

 

 

la grande poste

Pointe-Noire d’aujourd’hui

Comme la plupart des villes africaines, Pointe-Noire a hérité de la structure coloniale qui divise la ville en deux. D’une part le centre-ville où sont concentrés les commerces et l’administration ainsi que les zones industrielles et d’autre part, les quartiers populaires dits la cité, qui commence à partir du rond-point Lumumba, et s’étalent en équerre par sept principales avenues. La ville compte en 2016 environ 1,2 million d’habitants.
La manne pétrolière a permis une amélioration notoire des voiries urbaines du centre-ville, où de grands immeubles se construisent quasiment sans relâche. Lentement, mais sûrement, Pointe-Noire se modernise pour ainsi dire, principalement le Boulevard Charles de Gaulle, sa principale artère, où les bâtisses d’architecture coloniale côtoient les immeubles de conception moderne. Tels d’une part, les immeubles de la Chambre de Commerce, de la Mairie, la gare
ferroviaire centrale, etc. D’autre part les hôtels et palaces : l’Atlantic, l’Elaïs, l’immeuble Lincoln Immoco, l’hôpital de Loandjili, etc.
Du point de vue culturel, l’Institut Français, le centre culturel Yaro à Loandjili et le centre culturel J.B. Tati-Loutard sont les principaux points d’animation culturelle de la ville où on peut voir des expositions de peintures, de sculptures, assister à des représentations théâtrales, etc.

 Les curiosités de Pointe-Noire

Pointe-Noire ne manque pas de sites remarquables. En plein centre-ville, le promeneur peut aller se prélasser sur les sables fins de la côte sauvage, admirer l’écume formée par les remous de l’océan atlantique, ou encore aller goûter aux grillades de poissons.

Voute des artistes 

Les week-ends à la côte sauvage sont très animés : baignade, grillades, bars aux boissons locales, spectacles, karaoké, etc. on ne s’y ennuie pas du tout. On ne s’ennuie pas non plus à aller voir les vas-et-viens des piroguiers du village des pêcheurs béninois et togolais, où tôt le matin les ponténégrins viennent s’approvisionner en poissons frais ou fumés à la traditionnelle. La Voute des artistes en face de la gare permet de voir les artistes peintres et sculpteurs à l’ouvrage et admirer leurs créations artistiques exposées en permanence sur le perron de la grande poste ou au Marché du Plateau et vers le lieu du village des voiliers. A défaut, on peut s’inscrire au seul club hippique de la ville, à Mpita, où on peut pratiquer l’équitation. Un tour des différents marchés de la place permet de voir les curiosités marchandes de la ville : chenilles, viande de serpent, légumes et fruits sauvages, sauterelles, viande de crocodile et autres animaux .
Le soir ce sont les restaurants et bars-terrasses qui accueillent les noctambules du centre-ville. Mais le ponténégrin vous invite plutôt à goûter aux grillades de poissons dans «les ngandas» et autres restaurants en plein air. On ne peut séjourner à Pointe-Noire sans avoir mangé, un peu tard, les grillades de
likouf, de la dorade ou encore le capitaine rouge «Chez Gaspard», le Saka-Saka chez «Marie Diallo» sans oublier de goûter les viandes de chasse : antilopes rouges, porc-épic, sanglier.

Pointe-Noire et ses beautés touristiques

Aux alentours de Pointe-Noire, la nature offre de nombreux sites tout à fait remarquables. A l’instar des «Gorges de Diosso» encaissées dans de profondes crevasses couvertes de forêt. Diosso, c’est aussi son non moins célèbre musée traditionnel qui hélas, tombe en ruine, en attente de restauration. La station balnéaire de la Pointe-indienne et la baie de Matombi sont aussi des endroits très prisés des touristes, qui peuvent aller un peu plus loin à environ 50 km pour admirer l’embouchure du fleuve Kouilou sur la mer : une merveille de la nature.
A moins de préférer s’évader en randonnée forestière, respirer la chlorophylle dans les plantations d’eucalyptus qui entourent la ville de Pointe-Noire ou carrément pénétrer la forêt du Mayombe. Tout au sud de la ville, on peut «faire la route» comme disent les congolais, aller jusqu’à la frontière du Cabinda (Angola) à environ 30 km de Pointe-Noire y déguster de délicieuses brochettes de crevettes et des «Mabokés» de pigeons (perruches vertes locales), de carpes de rivière ou de «Ngola» (silures d’eau douce) à des prix plus qu’abordables puis s’émerveiller ensuite devant les méandres de la Loémé aux eaux sombres. Sans oublier de faire escale à «Malonda Lodges», un tout petit mais joli site touristique
non loin du terminal pétrolier de Djéno : motel resto-bar, pirogue et plage, dépaysement garanti.

plage Poite-noire